vendredi 10 janvier 2014

Manifeste


REFAIRE L’EUROPE, ENTIÈREMENT 
CHANGER DE CAP, RÉSOLUMENT 



L'Europe a déraillé. Niant la souveraineté des nations et la liberté des peuples, caporalisant le respect des règles budgétaires et institutionnalisant la concurrence entre tous, se soumettant au grand frère américain ou au petit frère allemand, l'Europe semble renoncer à la démocratie et à l'indépendance. 

L'Europe a déraillé : est-elle capable de marquer l'arrêt pour prendre un nouveau chemin ? 

 L’IMPASSE, 
Comprendre les raisons de l’échec 

Les mêmes choix de politique monétaire nous gouvernent depuis 30 ans. 
  • 1983 : refus d’une sortie provisoire du Système Monétaire Européen 
  • 1992 : traité de Maastricht et politique du franc fort en attendant l’euro, monnaie unique 
  • 2002 : L’euro-monnaie-unique est dans nos poches 

Le discours justifiant ces choix tourne en boucle : prospérité et baisse du chômage nous seraient offertes par l’efficience des marchés et la vertu de la concurrence « libre et non faussée ». Mais les faits sont là, têtus diraient certains. 
L’Europe — les nations qui la composent, les peuples qu’elle abrite — à l’inverse des prédictions répétées, s’enfonce dans un chômage de masse et semble lâcher prise d’avec son histoire, ses ambitions humanistes, sa tradition démocratique, son modèle social. En bref elle ne paraît se voir d’avenir que sous tutelle, allemande dans le scénario le plus européen, américaine dans le scénario majoritaire chez ses dirigeants économiques et politiques, chinoise pour ceux qui aiment les prédictions provocatrices. 

Refusant une analyse objective de « l’état de l’Union » (Européenne), et particulièrement de la zone euro, d’aucuns persistent à vouloir « sauver l’euro ». 
L’outil tant vanté est devenu le dogme, l’objectif auquel tout doit être subordonné. L’euro-monnaie-unique joue contre l’idéal européen et ce résultat était malheureusement prévisible : posé sur un ensemble de nations loin de former une « zone monétaire optimale », l’euro-monnaie-unique tend à renforcer les forts et affaiblir les faibles. Qu’importe, pour nos décideurs bruxellois, la divergence se majore entre pays de la zone Euro ? Ils organisent la convergence caporalisée ! : contrôle des budgets, constitutionnalisation des déficits maximum, dogme de la réduction de la dette publique à marche forcée. 

 Il y a 40 ans, refusant de voir venir le mur (ou sa chute...), les dirigeants de l’Union Soviétique allaient répétant que, non, le socialisme n’avait pas échoué mais que, au contraire, il fallait aller plus avant dans le même sens. Aujourd’hui, nos dirigeants européistes vont répétant que non, l’euro n’a pas échoué, et que si nous sommes dans l’impasse c’est bien par manque d’intégration européenne ! 
Ça ne fonctionne pas ? Allons plus loin et plus fort encore. 

 Pourtant, à ceux qui cherchent d’abord à comprendre et refusent les dogmes, l’évidence s’impose : pour sortir de l’impasse il faut changer de cap, radicalement. 

 L’AMBITION, 
Vouloir l’indépendance et la prospérité 

 En cette fin de deuxième mondialisation depuis la révolution industrielle, nous pouvons faire un atout du grand chambardement en cours depuis 20 ans dans la hiérarchie des puissances (effondrement de l’URSS, montée de la Chine, lent reflux des États-Unis, émergences de nouvelles puissances…). Nous le pouvons, nous le devons. Notre lent déclin n’a rien d’inexorable. 

Occupés par leur face à face, les États-Unis et la Chine libèrent un espace pour une Europe véritablement européenne, indépendante et porteuse de l’avenir des nations qui la composent. Fière d’un modèle social et démocratique que nous envient tant d’autres peuples, la Confédération Européenne des Nations Libres pourrait forger des partenariats privilégiés, en tout premier lieu avec la Russie puis avec les pays de la Méditerranée et, au delà, de tout le continent africain. 
Faisant vivre l’héritage des Lumières, elle participerait activement à l’avènement d’un ordre mondial multipolaire et en paix, inventerait un modèle original de développement soucieux de faire reculer les inégalités et respectueux de notre environnement. A contrario de l’impossible intégration fédérale*, cette confédération renouerait avec la démocratie loin de l’Europe post démocratique qui se profile actuellement. Elle ferait face aux défis du XXIème siècle, préserverait et rénoverait l’État social, assurerait son avenir industriel, allierait croissance et développement solidaire et soutenable, mettrait en route un nouveau modèle 
d’économie mixte, favoriserait la paix dans un monde mutant à pôles multiples, bref se donnerait une nouvelle ambition de civilisation loin de son passé colonial. 

 LE CHEMIN, 
Agir maintenant 

Plusieurs chemins se présentent à nous, certains tout à fait inenvisageables. 

L’effacement de l’Europe ? C’est un de nos futurs possibles. Mais qui pourrait le vouloir vraiment ? Bien triste destinée pour nos nations ! Et un chemin semé de convulsions violentes pour faire renoncer des peuples qui ont bien souvent la mémoire plus longue que leurs élites. 
Une Europe allemande ? Même si l’Allemagne en voulait, ce qui n’est pas certain, ce scénario a peu de chance de rencontrer l’adhésion de ses partenaires européens. On peut même émettre l’hypothèse que ce serait le plus court chemin vers de brutaux replis nationalistes. 


Il est temps de prendre le chemin de la construction d’une Europe vraiment européenne c’est à dire indépendante et assurant l’avenir des peuples qui la composent. 

  1.  revoir le choix de la monnaie unique en acceptant le constat de son échec. Promouvoir l’euro-monnaie-commune, comme garant de notre solidarité de destin et y associer des euros-monnaies nationales pour redonner de l’air aux nations européennes. 
  2. Promouvoir une Europe des coopérations renforcées, à géométrie variable et ainsi retrouver et amplifier la recette qui a fait le succès d’Airbus. 
  3. Porter un plan d’investissement européen ambitieux : indépendance énergétique, équilibre écologique, grands travaux … 
  4. Protéger, renforcer et valoriser notre modèle démocratique et social : contrôle de la Commission et de la Banque Centrale Européenne, investissement des parlements nationaux, réarmement commercial de l’UE, vrais statuts des services publics, sécurité alimentaire et sanitaire. 
  5. Promouvoir un partenariat étroit avec la Russie et des dynamiques de co-développement avec les pays de la Méditerranée et du continent africain 


Nous lançons un appel citoyen à tous ceux qui partagent notre conviction qu'il est grand temps de changer de cap, résolument, et de refaire l'Europe, entièrement. Nous pouvons porter ensemble ce projet et cette ambition dès les élections européennes de mai 2014. 

Notre objectif est d'ouvrir une phase radicalement nouvelle de l'histoire européenne, en nous appuyant sur notre peuple et ses choix. 



*une fédération nécessitant un fort sentiment d’appartenance, un budget 20 à 30 fois supérieur à l’actuel budget européen et l’assentiment des « régions » riches pour payer pour les plus pauvres. 

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